Marijac
repris dans SITTING BULL l'histoire de Blonde Crinière qu'illustrait
Le Rallic en 1971.
Pour le dernier épisode, au numéro 12, voici la page qu'il
écrivit en hommage à son grand ami.
Mon
ami Le Rallic,
Le
Rallic depuis trois ans est parti rejoindre ses héros au pays
des chevauchées éternelles.
Ce fut un grand dessinateur de son époque, le premier à
dessiner des histoires de Western. Ce breton descendant des chouans,
avait la noblesse de coeur des grands artistes.
Je
lui dois beaucoup, c'est lui qui guida mes premiers pas de dessinateur,
et c'est en collaboration avec lui que j'ai produit mes meilleurs bandes
dessinées dans Coq Hardi qui était à l'époque
le premier hebdomadaire des jeunes de France :
- Poncho Libertas,
- Le Fantôme à l'églantine,
- Capitaine Flamberge, etc.
C'était
un cavalier dans la grande tradition. Une chute de cheval lui avait
valu une trépanation et la perte d'un oeil ; c'est la raison
pour laquelle vers la fin de sa vie son trait avait perdu de sa précision.
C'était pour moi plus qu'un ami, un frère comme il se
plaisait à le dire. Atteint d'un mal incurable, je ne l'ai jamais
entendu se plaindre. Quelques heures avant sa mort alors que son confesseur
l'incitant à prier Dieu pour sa guérison il lui répondit
: "Prions plutôt pour cette jeune mère que je sais
à l'agonie dans le village, ses enfant ont besoin d'elle."
Le
Rallic, comme il l'aurait souhaité, a été conduit
à sa dernière demeure dans le corbillard des pauvres,
traîné par un de ces vieux "bourrins" qu'il dessina
si souvent. Comme j'en faisais la remarque au prêtre, alors que
nous l'emmenions au cimetière, celui-ci ne put s'empêcher
de sourire. Comme si Le Rallic avait eu son désir le plus cher
réalisé à titre posthume.
J'espère
que ces souvenirs, jeunes lecteurs, vous feront encore mieux apprécier
les dessins de mon ami Le Rallic.
MARIJAC.
Sitting
Bull, le Napoléon rouge (numéro 12, p. 87) juillet 1971.
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